Je t’aime, moi non plus.
Scrogn | 19 février 2012Vous connaissez déjà mon amour pour la Saint Valentin. N’empêche que c’est souvent l’occasion d’avoir une approche plus musclée du cupidon.
Imaginez-moi dans une tenue glamour composée d’un T-Shirt agonisant, d’un vieux pantalon, le cheveu en bataille, les orteils en mode fugitif avec ce qui fût des pantoufles sans trou, l’aspirateur en action. Tout ce qu’il faut pour se sentir bien, en gros. D’autant que les vrombissements de mon engin me donnaient un répit auditif à la présence des affreux, à l’étage. Pourtant, tout de suite rapidement au bout d’un certain moment, couvrant le vacarme de mon moteur, des clameurs indignées me parvinrent.
Pathologiquement curieuse, j’éteignis ma machine vorace. Et j’ai attendu sur une chaise. Pour voir. Des fois qu’ils se méfieraient de mon silence soudain. Mais mes affreux ont cet indécrottable optimisme ancré au plus profond de leurs jeunes certitudes, celui que je ne me rende compte de rien. Raté.
J’ai d’abord entendu des cris furieux, un « PAF » magistral et, pour couronner le tout, un hurlement de mort. Pas de doute, je devais me lever pour asseoir mon autorité.
Hissée enfin au champ de bataille, j’ai découvert :
– au centre, un Crapulet, les doigts vissés dans les oreilles, les yeux plongés dans un livre,
– dans le coin gauche, un Grumpy sanglotant de façon hystérique,
– dans le coin droit, un Affreux-Jojo arborant une spectaculaire empreinte de main rouge-vif sur sa joue gauche.
Devant ce terrain de combat, j’ai immédiatement décrété une trêve :
– On se calme d’abord, vous m’expliquez ensuite.
Ils ont obéi, l’un en hoquetant, l’autre en se tenant la joue, et le troisième en ne bronchant pas d’un pouce (il avait toujours les oreilles bouchées, visiblement. Pis de toute façon, il était déjà calme). J’ai donné la parole à l’Affreux-Jojo.
– Grumpy m’a giflé de toutes ses forces !
– Hum, ce n’est pas bien, effectivement. Et toi, Grumpy, à ton avis, pourquoi ton frère a fait ça ?
– Parce qu’il ne voulait pas m’aider à écrire ma carte de Saint-Valentin !
– Ce n’est pas bien de la part de ton frère, non plus. Et qu’est-ce que tu voulais inscrire ?
– « Je t’aime, Affreux-Jojo ».