Décompte
Scrogn | 6 mai 2012Chez nous, ça grouille, ça bouge, ça se démène. De partout. Tout le temps.
Je ne parle pas seulement des affreux. Ces derniers, au moins, nous pouvons les coucher et espérer, après moult interventions, que le silence enveloppera douillettement ces chers petits et penser panser nos maux de parents.
Mais il reste une sourde animosité animale. Que voulez-vous ! Avec un chien plus bête qu’une éponge empaillée et trois chats, on ne peut s’ennuyer de façon décente. Sinon des poils se hérisseraient.
Le chef-d’oeuvre d’idiotie canine, récupéré à la SPA, est à lui seul un parfait exemple de ce qu’il ne faut pas faire. Il nous avait été affirmé qu’il s’agissait d’un mélange entre un berger allemand et un rottweiler. Devant mon air circonspect et malgré mes arguments, la bénévole m’avait asséné un « c’est le vétérinaire qui l’a dit ! ». Soit. Sauf que, suivant mon instinct, j’ai pu aisément retracer sa race.
Une fois l’adoption faite, évidement.
C’est un setter gordon. Autant dire que nous aurions pu l’appeler Artemus. Et si vous vous connaissez un tant soit peu en toutou, vous savez qu’un chien de chasse n’a qu’une idée : user de sa truffe durant des heures et sur des dizaines de kilomètres pour débusquer une proie. Le problème, c’est que notre famille ne chasse que les idées noires et les araignées. Ainsi, malgré la promenade de vingt minutes deux fois par jour, cette bête, si bête, surveille sournoisement la moindre occasion de se carapater, créant ainsi un drame familial à chaque fois. Les affreux craignent de ne jamais le revoir, les parents, de le revoir (et qu’il ait provoqué un accident). Notre défunt Dogue Allemand/Danois, pot de colle, obéissant et pépère, nous manque terriblement.
Pour les fauves, la question est toute autre. Avoir trois chats vivant simultanément sous le même toit, ça vous remplit aisément le congélateur à souvenirs pour les quarante années à venir.
Le vieux a plus de seize ans. C’est un monument et il compte bien le faire savoir. Tout chez notre doyen moustachu respire un dédain profond de ce qui l’entoure. Patrons petits et grands, déménagements proches et lointains, ajouts improbables à la meute de membres qui braillent, aboient ou feulent, ne mérite qu’un air méprisant. Il s’en moque. Il n’aime personne. Mais il adore les gratouillages derrière les oreilles. Il en bave.
La chatte est une bengale, une diva, une chiante. Elle décide de tout : quand vous aurez le droit de la caresser, comment vous pouvez l’approcher, où elle déposera son royal cadeau (nan, parce qu’il ne faut pas exagérer, sa litière a été changée depuis quatre heures !!!). Toutefois, elle consent à venir à se coulisser, entre Guinness et moi, dans un creux du canapé. Entre nous, difficile de résister à une telle onde de mansuétude soyeuse.
Quant au dernier venu, c’est un monstre. Il a un tout petit regard vicieux, couleur diarrhée, suivi par un corps immense et adipeux. Nous en raffolons. Malgré ses miaulements de castra et ridicules.
Vous trouvez cette introduction à mon billet trop longue et laborieuse ? Moi aussi.
En fait, j’aurais pu laisser le Crapulet vous présenter notre animalerie en ces termes :
» Un félin, un félin, un félin, un crétin »
On aurait sauvé du temps. Vous comme moi.